Cette sortie a déjà quelques mois. Mais c'est après tout durant les journées d'hiver où le poisson se fait rare et qu'il est difficile de sortir qu'on se repenche sur les photos de la belle saison ! Et cette journée là fut particulièrement prolifique!
En ce début décembre, les températures sont particulièrement clémentes et avec le soleil, nous avons presque l’impression d’être en plein automne indien. Avec mon compagnon de pêche Laurent, nous sommes étonnés d’un tel redoux et enlevons rapidement nos multiples couches de vêtements à mesure que la journée avance. La météo est superbe mais cette arrière saison est en demi-teinte en termes de pêche et les prises se font rares depuis quelques semaines. Bien que nous soyons partis à l’aube pour traquer le bar ou le denti sur nos postes favoris, nous n’avons enregistré aucune touche au bout de cinq heures de pêches. Nous avons tout essayé : shad en traction, finess, slow jigging, madaï jig : rien n’y a fait ! Même en ayant parcouru plusieurs milles nautiques au large, aucun signe d’activité. Déçus, nous décidons donc de rentrer prématurément.
Alors que nous nous approchons du port, des attroupements d’oiseaux éveillent notre attention. Alors que nous arrivons à proximité, nous tentons de définir la nature de ces chasses. Avec la présence importante des thons, il s’agit de ne pas lancer au moindre signe d’activité quand on pêche en 15 lb. De quoi vous vider le moulinet en moins de 30 secondes !
Les splashs sont assez petits et grâce à quelques individus sautant hors de l’eau, nous sommes rassurés : il s’agit bien de bonitous. Cette espèce dépassant rarement les 3 kg offre un rapport poids-puissance étonnant : une véritable boule de muscles dopée aux stéroïdes !
Nous commençons à pêcher dans ces chasses hyper concentrées au Métal Spot. Les bonites sont petites et particulièrement méfiantes. Bien que très dense, mon casting jig Metal Spot 28 g semble encore trop gros par rapport aux proies en présence.
Nous regardons la boule de poissons fourrage qui tente de se protéger sous notre bateau et effectivement, les poissonnets ne mesurent que quelques centimètres à peine ! Je décide donc de descendre en grammage pour tenter de les séduire en optant pour un Metal Spot 14 g (45 mm) qui est un bon compromis pour pouvoir continuer à lancer assez loin afin d’éviter de casser la chasse tout en ayant une taille correspondant aux proies en présence.
Cette technique de down-sizing est certainement la meilleure quand on est confronté à ce type de situation. La meilleure animation pour ces petits pélagiques est très simple : mouliner rapidement en linéaire. Comme les frères Goletto l’ont montré dans cette vidéo, ce casting jig nage tout seul sans qu’il soit besoin de le twitcher. Grâce à son corps rond, il vacille de droite et de gauche sur son axe dans un rolling important qui a le don de décider les poissons les plus récalcitrants.
Les résultats ne se font pas attendre et nous enchainons les poissons rapidement. Nous les libérons rapidement et relançons immédiatement dans l'espoir d'un nouveau combat. Mais alors que je libère un poisson, je vois un semi-rigide qui se dirige vers les chasses. Vu le manque d’expérience de beaucoup de pêcheurs dans ces circonstances, je crains que le bateau ne vienne trop près et ne casse l’activité des poissons. Mais je constate avec surprise que le conducteur s’approche prudemment au ralenti. En quelques secondes, les deux autres personnes sont déjà attelées à des poissons.
En m’approchant plus prés, je remarque qu’un des pêcheurs porte un chapeau de paille ressemblant à celui que porte le héros du dessin-animé japonais « Paul le Pêcheur ». Je le je reconnais entre tous : il s’agit du couvre-chef fétiche de Colin Goletto, membre du team Flashmer. Quel hasard !
Nous sommes voisins et sortons fréquemment ensemble, mais ce jour là, nous n’avons pas pensé à nous appeler. Accompagné de deux amis, il s’en donne à cœur joie sur les bonitous et ils font même devant moi un triplé. Nous nous lançons des piques amicales et, rapidement, la partie de pêche se transforme en « battle » où chacun compte ses prises.
Mais après plusieurs captures, une bonite plus grosse que la moyenne effectue un rush et ma ligne casse ! Je m’en veux car après plusieurs bonitous, j’aurais dû penser à refaire mon bas de ligne. Avec leurs petites dents coupantes, celui-ci a été fragilisé et la casse était inévitable. Une erreur de débutant mais lors de chasses répétées, on oublie souvent l’essentiel et l’excitation du pêcheur l’emporte sur tout! Je refais mon bas de ligne et je constate que je n’ai plus que des Metal Spot en 40 et 28 g. De son coté, Colin avec son Metal Spot 14 g s’en donne à cœur joie en touchant poisson sur poisson à quelques encablures de nous. Avec cette pression et le bruit des prédateurs en activité, faire des nœuds est stressant mais je décide quand même de monter un Vif Argent 1/0 en teaser pour tenter ces prédateurs chassant les alevins. Et ca marche ! Dés les premiers lancers, je remonte au compteur.
Pressé par la joute amicale et avec des bonites hyper actives, j’en ai oublié de faire des photos ! Les chasses diminuant d’intensité et bien que sachant que je vais me faire doubler par Colin, je décide de faire quelques clichés pour le blog.
Et comme je pouvais m’y attendre, Coco multiplie les prises avec son petit Metal Spot pendant que je le photographie. C’est de bonne guerre ! Ca m’apprendra à oublier qu’il faut toujours avoir ses castings jigs préférés dans de nombreux grammages pour pouvoir s’adapter à toutes les conditions !
Je continuerai à prendre quelques bonitous mais les chasses sont désormais très sporadiques. Après avoir posé avec un poisson pris au Vif Argent en teaser devant un Metal Spot, je regarde autour de nous et il n'y a plus signes d'activité. Nous suivons au bateau la boule de poissons fourrage qui commence à rétrécir à vue d'œil. Ces petits pélagiques sont gourmands et tant qu'ils n'auront pas vidé le banc, ils continueront!
Mon ami continue à lancer dans l'espoir d'une touche. D’un coup, la boule de poissons en surface explose à quelques mètres de nous et les bonitous cessent d’un coup toute activité. Je hurle à mon camarade de pêche : « Attention : les thons ! ». Je me tourne vers lui et je constate que sa canne est pliée en deux. Son moulinet se vide à une vitesse impressionnante dans un hurlement strident. « Euh... Je crois que ca, ce n’est pas une bonite !... » me dit-il avec un air désappointé. Heureusement, il n’a pas ferré et le poisson se décroche à la fin du rush. Il faut se faire une raison : les petits pélagiques ont fui, - et il y a de quoi face à des gros prédateurs estimés à 30/40 kg ! Plus rien ne se passera ces prochaines heures : la fête est finie !
Colin et ses amis partent au large pour espérer retrouver des bonites actives et de notre coté nous rentrons au port. Nos femmes nous attendaient pour déjeuner et nous réalisons qu’il est 17 : 00 h. En rallumant nos smartphones nous constatons qu’elles nous ont laissé de nombreux messages. Nous nous regardons comme des gamins pris en faute puis nous en rions : après tout, ça valait le coup puisque nous avons quand même fait une vingtaine de bonites ! Colin et ses amis ont certainement dû dépasser les trente. Mon ami gardera son sourire durant le trajet de retour jusqu’à un nouvel appel de sa femme...
Je lui avais pourtant bien dit de ne jamais décrocher en mer !