La pêche en no-kill (relâche) du Bar

La prise par la gueule évite d’enlever trop de mucus

La relâche du bar (no-kill) est désormais une pratique que tous les pêcheurs en mer doivent connaitre. Le no-kill ou « catch and release » peut tout d’abord être lié à un choix personnel. Certains pêcheurs relâchent ainsi tous les poissons capturés, considérant que le poisson est uniquement un partenaire de jeu. Certains pêcheurs pratiquent également le prélèvement raisonné en ne conservant qu’une partie de leurs prises. Les critères de sélection et la proportion des prises conservées dépendront ici de l’éthique personnelle du pêcheur mais également de la nature même de la prise.

 

Colin libérant un petit bar Colin libérant un petit bar Colin libérant un petit bar

 

Ainsi, alors que la taille légale du bar est de 30 cm en Méditerranée, le pêcheur sportif ne conservera que les poissons de plus de 42 cm – taille à laquelle il s’est reproduit au moins une fois. De même, les femelles facilement repérables en automne par leur ventre rebondi seront systématiquement libérées. A l’inverse, un poisson blessé lors du combat ou dont les chances de survie sont trop faibles pourra être conservé. Bien d'autres critères de sélection peuvent rentrer en jeu et la décision du prélèvement ou du no-kill seront réfléchis et motivés par de nombreux facteurs. C'est ainsi par exemple le cas pour la relâche des plus beaux spécimens qui constituent les meilleurs reproducteurs.  

 

 

Avis du team :

Si vous êtes un adepte du prélèvement raisonné, sachez que les plus gros bars sont les meilleurs reproducteurs. Ainsi, une femelle de 80 cm pond jusqu’à 3,3 million d’œufs alors qu’un poisson de 42 cm en pond 230 000.

Afin d’assurer la pérennité de la ressource, nous vous invitons donc à relâcher les plus gros individus.

 

 

 

 

 

Au-delà de l’éthique personnelle, de nombreuses réglementations imposent la relâche du bar. Parmi celles-ci, il y a tout d’abord celle liée aux tailles légales imposées par l’arrêté du 29 janvier 2013 modifiant l’arrêté du 26 octobre 2012 dont voici le texte officiel. Ainsi, tout bar faisant moins de 42 cm en Mer du Nord, en Manche et en Atlantique et moins de 30 cm en Méditerranée devra être relâché.

 

Libérer les juvéniles doit être systématique !

 

Il existe également de nouvelles législations européennes imposant la pratique de la relâche. Ainsi, au nord du 48ème parallèle (Atlantique nord, Mer du nord, Manche), la pêche du bar ne pourra s’effectuer qu’en no-kill sur toute l’année 2018. En dessous du 48ème parallèle sur la façade Atlantique, la réglementation impose un quota de 3 poissons par jour et par pêcheur. Une négociation est actuellement en cours pour permettre un quota d'un bar par jour et par pêcheur sur une période prédéterminée au dessus du 48ème parallèle. Ces décisions ne seront prises que courant mars 2018 en fonction de l’évaluation des stocks par le CIEM.

 

Réglementation européenne

 

Quelles que soient les décisions qui seront prises par le conseil européen, le no-kill pour le bar est donc désormais une pratique que les pêcheurs de loisirs doivent connaître et pratiquer – même au-delà d’une simple éthique personnelle. Mais le fait de relâcher un poisson ne veut pour autant pas dire que celui-ci va repartir dans de bonnes conditions. En effet, la façon de le sortir de l’eau, sa manipulation ou encore la façon de le relâcher conditionnent fortement ses chances de survie.

 

Ce magnifique reproducteur repart en pleine forme !

 

L’épuisette

Tous les pêcheurs en bateau devraient posséder une épuisette. Celle-ci offre en effet de multiples avantages pour une relâche du bar dans de bonnes conditions. Elle permet tout d’abord d’écourter le combat. Le poisson étant bien moins fatigué, celui-ci repart donc beaucoup mieux. L’épuisette est également une excellente solution pour éviter de rompre sa ligne car il est difficile de se saisir d’un poisson du pont d’un bateau et les casses sont fréquentes lors de cette étape. Ce leurre restant dans la gueule du bar l’empêche de s’alimenter et le condamne irrémédiablement sur le long terme. Signalons d’ailleurs qu’une épuisette est aussi un gage de sécurité pour le pêcheur, - surtout avec des leurres dotés de triples comme les jerkbaits, les stickbaits, etc... Se saisir d’un poisson se débattant dans l’eau avec ce type de leurre étant particulièrement dangereux.

 

Une épuisette abrège le combat Les mailles caoutchoutées enlèvent moins de mucus

 

Le mucus recouvrant le poisson étant une barrière contre les bactéries, nous vous recommandons vivement d’utiliser une épuisette dotée de mailles caoutchoutées. En effet, ce type de modèle enlève moins de mucus que ceux possédant des mailles en nylon. Les chances d’éviter les infections sont ainsi optimisées. Vous noterez également que les triples ont moins tendance à s’emmêler dans ce type de maille et que les leurres sont ainsi bien plus faciles à enlever.

 

Epuisette alu big fish Flashmer à mailles Rubber Mesh Epuisette alu big fish Flashmer à mailles Rubber Mesh

 

La durée du combat

Il est tentant de pêcher très fin car les touches sont alors plus nombreuses. Il faut néanmoins faire attention de ne pas tomber dans l’excès car la durée du combat influe directement sur les chances de survie du bar. En pêchant avec des bas de ligne de très faibles diamètres, il est ainsi nécessaire de combattre plus longtemps le poisson. Lorsque celui-ci se défend, il jette toutes ses forces dans la bataille et accumule de l’acide lactique. Plus la durée du combat est longue et plus ses chances de repartir dans de bonnes conditions sont réduites. Il est possible de le réoxygéner en prenant son temps afin qu’il puisse nager correctement et donc survivre. Mais si la durée du combat est trop importante, certains poissons ne pourront pas repartir.

 

Un bar est réoxygéné lorsqu’il veut repartir de lui-même

 

N’oublions pas également que pêcher avec un bas de ligne ayant une trop faible résistance augmente considérablement les risques de casses. Nous vous recommandons donc d’adapter le diamètre de votre ligne aux conditions et à l’environnement. Il est ainsi inutile de rechercher la finesse dans des milieux encombrés ou lorsque l’eau n’est pas cristalline. Pêcher trop fin ne sert à rien si vous finissez par casser et que vous laissez le leurre dans la gueule du bar – ce qui le condamne en l’empêchant de s’alimenter !

 

No-kill : Ce bar repart en pleine forme !

 

Évitez les pêches trop profondes

Comme d’autres poissons, le bar possède une vessie natatoire remplie de gaz qui lui permet de contrôler sa flottabilité. Lors de pêches dans des profondeurs supérieures à 15/20 m, une remontée trop rapide dans les couches d’eau entraine une expansion de ce gaz dans la vessie natatoire. Ce phénomène nommé barotraumatisme empêche le bar de nager correctement et de rejoindre les profondeurs où il a été capturé. Il cause également de lourdes lésions dans tout l’organisme du poisson et peut à terme le condamner.

 

Evitez les pêches trop profondes

 

Certains guides expérimentés utilisent la technique du fizzing. Elle consiste à percer la vessie natatoire du bar avec une aiguille provenant d’une seringue puis à laisser le poisson récupérer dans un vivier. Mais cette opération doit très précise et elle s’avère particulièrement délicate. Certains mentionnent également la possibilité d’utiliser un plomb de relâche. Cette plombée dotée d’un crochet inversé tenant le poisson permet de le faire retourner aux mêmes profondeurs où il a été pêché. Le gaz reprenant son volume initial, le poisson retrouve alors une flottabilité neutre. Néanmoins, des études sont toujours en cours et la proportion de poissons survivant à ce type de relâche est aujourd’hui inconnue. Afin de pouvoir relâcher dans de bonnes conditions les bars capturés, le pêcheur responsable évitera donc les pêches trop profondes. Ce sera surtout le cas dans les zones où le no-kill est obligatoire car pêcher un poisson condamné à mourir une fois relâché va à l’encontre de toute logique.

 

Comment tenir un bar pour une bonne relâche ?

La manipulation d’un bar est particulièrement importante pour que celui-ci reparte dans les meilleures conditions possibles. Dans le cadre d'une pêche en no-kill, les notions fondamentales à connaître pour qu’un poisson soit relâché en ayant un maximum de chances de survie sont simples.

 

Tenir le bar par la mâchoire en même temps que sous le ventre est une des meilleures prises pour éviter de le blesser

 

  • Préserver le mucus

Le mucus recouvrant le poisson l’aide dans sa nage dans un milieu aqueux mais pas uniquement. Il contribue également à faire barrière aux parasites et aux bactéries environnantes comme le fait la peau chez l’être humain. Ainsi, il a été ainsi prouvé que des poissons ayant subi trop de manipulations et dont une grande partie du mucus avait été enlevé pouvaient contracter des maladies fongiques ou bactériennes entrainant leur mort. Il est donc nécessaire de veiller à ôter le moins possible de mucus lorsque vous manipulez un bar afin qu’il puisse repartir dans les meilleures conditions possibles.

 

La prise par la gueule préserve le mucus du poisson

 

Voici quelques conseils simples à appliquer sur le terrain :

  • Afin de sortir le poisson de l’eau, privilégiez une épuisette aux mailles caoutchoutées. Si cela est possible et qu’il n’y a que peu de risque de casse, privilégiez la prise par la main au niveau de la gueule.
  • Evitez au maximum de poser le poisson au sol ou sur le pont du bateau – surtout si celui-ci est sec.
  • Il est indispensable de vous mouiller les mains avant de toucher le bar.
  • Lors de vos manipulations, minimisez au maximum les surfaces de contact avec la peau du poisson. Une prise telles que celle par la gueule avec l’autre main sous le ventre est ainsi préconisée car elle n’enlève que peu de mucus.

 

Bar de 7,1 kg tenu par la gueule et sous le ventre

 

  • Ne surtout pas mettre les mains dans les ouïes !

Avec le mucus qui le recouvre, un poisson est glissant. Bien souvent, les débutants tiennent le bar par les ouïes car celles-ci offrent une bonne tenue et cette prise parait sécurisante. Pourtant, ce sont les arcs branchiaux du poisson qui lui permettent de respirer et ces derniers sont particulièrement fragiles. Ainsi, tenir un poisson par les ouïes lui cause de graves traumas qui peuvent à terme le condamner. Un peu comme si on vous mettait les mains dans les poumons ! Il peut sembler repartir dans de bonnes conditions mais les dommages causés sur ses voies respiratoires peuvent s’avérer mortelles au bout de plusieurs jours à peine. Et ce n'est certes pas ce qu'on recherche en pratiquant le no-kill !

 

Prise sous la gueule à la jonction entre les opercules et la mâchoire inférieure

 

Il y a néanmoins la possibilité de tenir le bar sous la gueule juste à la jonction entre les opercules et la mâchoire inférieure. Faites toutefois très attention de ne pas toucher les branchies et ne maintenez cette intersection qu’entre le pouce et l’index.

 

Prise sous la gueule à la jonction entre les opercules et la mâchoire inférieure

Une main sous le ventre alors que vous le tenez par la gueule évite de lui désarticuler la mâchoire

 

La prise par la gueule

En pratique sur le terrain, une des meilleures façons de tenir un bar destiné à être relâché reste la prise par la gueule. Elle consiste à maintenir le bar avec le pouce à l’intérieur de la mâchoire inférieure et le poing fermé sous la gueule. C’est la plus sécurisante pour le pêcheur et, bien exécutée, c’est celle qui garantit les plus grandes chances de survie au poisson une fois libéré (no-kill !) En effet, la surface de contact avec le poisson est réduite au minimum et n’enlève que peu de mucus. Cette prise offre également une très bonne tenue pour le pêcheur et évite que le bar ne tombe en se débattant – avec tous les dangers que cela peut représenter pour le poisson ou… pour vous !

 

La prise par la gueule permet une bonne relâche

 

La prise par la gueule et sous le ventre évite d’enlever trop de mucus

 

Afin que le poisson ne subisse aucune conséquence néfaste de cette manipulation, il est néanmoins nécessaire de suivre ces quelques recommandations :

  • Cette prise doit être suffisamment ferme pour éviter que le poisson ne chute en se débattant. Utilisez ainsi votre main directrice (ex : droite pour un droitier). Attention néanmoins de ne pas trop appliquer de force, ce qui pourrait endommager sa mâchoire.

 

Une main sous le ventre alors que vous le tenez par la gueule évite de lui désarticuler la mâchoire

 

  • Lorsque vous soulevez le bar par la gueule, tout son poids est concentré uniquement sur cette partie. Il est donc conseillé de le tenir parfaitement à la verticale en cassant légèrement le poignet afin d’éviter de désarticuler sa mâchoire. Un bar à la mâchoire cassée ne pourra plus s’alimenter et ne pourra survivre une fois libéré. Nous vous conseillons donc de faire très attention lors de cette étape qui ne doit être que transitoire avant de soulager le bar de son propre poids en le soutenant de l’autre main. Celle-ci sera ainsi placée sous le ventre en le tenant à l’horizontale. Cette prise est alors très sécurisante – aussi bien pour le poisson que pour le pêcheur. Vous n’enlevez que très peu de mucus et l’impact sur le bar est réduit au maximum.

 

Bar pris au mini spook La saisie par la gueule permet de sortir le poisson de l'eau

 

Cette prise spécifique offre de multiples avantages. Ainsi, la tenue du poisson est ferme et les risques de voir le poisson tomber en se débattant sont fortement réduits. En effet, le danger d’une chute est que le bar ne se blesse en tombant au sol. Il peut également entrainer avec lui le leurre resté en gueule et, avec son poids, faire pénétrer un des hameçons dans votre bras ou votre main. Les risques avec un poisson nageur armé de plusieurs triples sont ainsi très importants. En effet, les ardillons peuvent être si profondément ancrés qu’une intervention chirurgicale peut s’avérer nécessaire ! Le danger est moindre avec un texan ou avec l’hameçon simple d’une tête plombée mais il est néanmoins toujours présent. Attention donc de placer votre main loin du leurre ou d’ôter ce dernier pour une manipulation plus sécurisante.

 

Aprés l'avoir sorti de l'eau, maintenez le bar sous le ventre pour le soulager de son poids

 

Réoxygéner un bar

 

Tenir le bar par la queue permet de l’oxygéner pour une bonne relâche

 

Comme nous l’avons déjà indiqué, le temps de pause pour la photo doit être le plus court possible pour une bonne relâche.  Avec le combat et le temps d’exposition à l’air, le bar est bien souvent épuisé et le manque d’oxygène peut le condamner très rapidement – même s’il bouge encore.

 

L'oxygénation peut aussi s'effectuer en bateau

 

Le danger est qu’il soit si fatigué qu’il ne puisse plus nager de lui-même lorsqu’on le libère. Or, c’est en nageant qu’un poisson peut respirer et il peut mourir s’il ne peut repartir. S’il est trop épuisé pour se mouvoir de lui-même, il est donc nécessaire de le réoxygéner afin qu’il survive.

 

Pour les poissons ne repartant pas seuls, l’oxygénation en tenant par la queue est excellente !

 

La technique consiste à faire à nouveau circuler l’eau dans les arcs branchiaux du bar. Dans l’eau, il suffit pour cela de tenir le poisson d’une main par la queue alors que l’autre est placée sous le ventre. En évitant de trop serrer au niveau de la caudale, faites lui alors effectuer de lents mouvements d’avant en arrière. Prenez votre temps et n’allez pas trop vite car les filaments branchiaux sont fragiles.

 

Faire circuler l’eau dans les arcs branchiaux d’un bar permet de le réoxygéner

 

Le bar peut prendre jusqu’à plusieurs minutes avant d’être suffisamment réoxygéné pour nager normalement. Vous saurez que le poisson peut être libéré dans de bonnes conditions lorsqu’il cherche à repartir de lui-même en battant de la nageoire caudale.

 

Ce magnifique reproducteur repart en pleine forme !

Assurons notre avenir en libérant nos partenaires de jeu !

 

 

Le no-kill : une pratique responsable

 

Un bar est réoxygéné lorsqu’il veut repartir de lui-même

 

La pratique du no-kill n’empêche nullement d’aller prendre du plaisir à aller pêcher. Au contraire ! La pêche est un loisir qui se suffit à lui seul et nul n’a aujourd’hui besoin de conserver un poisson pour pouvoir manger. Il existe désormais de nouvelles législations européennes contraignant les pêcheurs à libérer systématiquement les bars capturés au dessus du 48ème parallèle et à n’en conserver que trois par jour pour ceux situés en dessous de cette frontière. Mais au-delà de ces seules réglementations, le pêcheur responsable sait déjà qu’il est un acteur primordial dans la pérennité de la ressource en pratiquant le no-kill.

La pêche est une passion et le fait de libérer son partenaire de jeu est même un plaisir aussi grand que celui de le capturer.

 

Voir repartir en pleine forme son partenaire de jeu est un moment chargé d’émotion

 

Comme le disait Lee Wulf : « le poisson que vous remettez à l’eau est un cadeau que vous faites à un autre pêcheur, tout comme il s’agit peut être d’un cadeau qu’un autre pêcheur vous a fait. »